Les secrets de l’atelier sont une petite série de billets pour vous parler des coulisses de la boutique : environnement de travail, matériel, inspirations… Une manière de vous parler de Rue de Minuit et de tout ce qui se cache derrière 🙂
J’avais prévu de parler des maisons-lanternes pour ce premier billet, mais finalement je n’ai pas eu le temps de m’occuper des photos. Du coup, changement de programme : on va parler des emballages de la boutique !
Image de marque
Ma toute première boutique, Unseelie, s’est ouverte en 2012, et déjà à cette époque, alors que je n’y connaissais rien, j’ai mis beaucoup de soin à élaborer l’image de marque de ma boutique (le branding, qu’on appelle ça). Il s’agit tout simplement de l’aspect visuel de ma petite échoppe, entre logo, emballage, communication, etc. Du marketing, en somme ! Ce qui semble à mille lieues de mes valeurs et de ce que j’aime mais dans une société comme la nôtre, où le visuel et le branding font tout, on est un peu obligée de jouer le jeu. Il faut savoir que je n’ai jamais pris de cours, je ne suis pas formée à ça, mais j’ai la chance d’avoir un chéri graphiste et de bon goût qui m’oriente, d’avoir aussi un peu d’expérience en matière de bricolage et de ventes de bidouilles faites main, donc c’est venu naturellement.
En vrai, si je veux être parfaitement honnête avec vous, je ne suis pas partie de rien : l’inspiration première de Rue de Minuit, c’est mon roman Midnight City (et sa suite Night Travelers). Tout part de là… jusqu’au visuel. Parce que j’ai marketé mon bouquin quand je l’ai écrit (quel scandale !) : au-delà de l’objet-livre, qui a fait l’objet d’un soin particulier (plus encore pour les éditions collector), j’ai pensé à l’aspect visuel dans le texte. La Cité de Minuit, toute de bleu et de ténèbres vêtue, en est la preuve : tout a été fait, parfois de manière inconsciente, pour qu’il en émane un visuel fort, fait de bleu, d’étoiles et de lunes, de mécanismes d’horloges, et tout un jeu autour du rêve. Je n’avais plus grand-chose à imaginer pour Rue de Minuit, il me suffisait de continuer dans cette voie (dans un prochain billet, je vous parlerai d’ailleurs de la genèse de la boutique en elle-même).
Et donc, avec le temps, j’ai compris l’impact qu’avait une belle image de marque, et surtout celui de l’emballage. Qui n’a jamais admiré un emballage d’un produit, d’une création faite main surtout, quand il est bien fait ? Depuis Unseelie, j’ai compris que c’était important, et ce devait l’être encore plus avec Rue de Minuit, dont l’imagerie était déjà très forte.
De la récup’
Mais j’avais un souci, quelque part : je ne voulais pas que cet emballage soit coûteux, autant pour l’aspect financier que l’aspect environnemental. Je ne pouvais pas dépenser trop d’argent dans de jolies boîtes imprimées au logo de ma boutique, dans des goodies à ajouter dans les commandes, ou dans les matériaux de protection. Je voulais de la récup’, du recyclage, je voulais faire tout ça à moindre coût. Comment faire, alors, quand on veut que l’impact soit fort au moment de recevoir son colis ?
La réponse se trouvait encore une fois dans Midnight City : dans le roman, l’un des deux héros, celui qui vit dans la Cité de Minuit, est pilote d’oniropostale. Et la Compagnie Oniropostale, c’est le service de courrier de la Cité, qui livre plis et colis dans des sortes de grands ballons de toutes les formes (des montgolfières, des zeppelins, des dirigeables) alimentés non pas par de l’air chaud mais par du rêve.
J’ai eu la vision très précise de ces colis transportés en oniropostale, emballés dans du papier de récupération et étiquetés. C’était magique ; ça l’a été encore plus quand j’ai eu l’occasion de créer ce premier colis, encore plus beau en vrai !
Le reste est venu assez vite finalement : j’avais gardé beaucoup de matériel d’emballage de bijoux (boîtes, pochettes, papier de soie) de ma précédente boutique, ainsi que quelques éléments comme de la cire à cacheter ou des rouleaux de masking tape. Aussi, je gardais depuis un moment des colis et des enveloppes aux formats adaptés, ainsi que des tonnes de papier bulle et de papier de bourrage de toute sorte.
Sauf que ça ne suffirait pas, surtout à cause des maisons-lanternes.
Du recyclage
Un autre élément doit être pris en compte : la taille et la fragilité des objets que l’on vend. Et les maisons-lanternes sont un sacré casse-tête. Je ne veux pas sacrifier la protection de mes créations à l’aspect environnemental du transport, parce qu’il n’y a rien de plus rageant, de plus frustrant, de plus triste que de recevoir une commande abîmée par la Poste, en particulier quand il s’agit d’un objet artisanal. Je n’hésite plus maintenant à sur-protéger mes maisons, et à surdimensionner mes colis.
Donc je l’avoue : j’ai acheté, pour la première fois de ma vie, du papier bulle, un rouleau immense de 100 mètres de long. Il trône avec fierté dans la loggia de mon appartement, à côté de son pote le sac-poubelle de 100 litres renfermant du papier à broyer pour le bourrage des colis.
Voici un des secrets de la fabrique : le papier broyé qui se trouve dans vos colis pour protéger vos commandes est issu de mes manuscrits. Oui oui, vous avez bien lu : des impressions papier de mes romans, sorties sur mon imprimante pour corriger les coquilles, qui dormaient dans mon bureau. Je les passe avec joie dans ma petite broyeuse, je remplis les cartons avec. En ce moment par exemple, je protège les maisons-lanternes avec des pages d’Elisabeta.
Quand on écrit, on a tendance à utiliser beaucoup de papier. Personnellement, je prends des notes dans des carnets (que je garderai en souvenir), je conçois mes plans dans des cahiers à spirales (que je garderai en souvenir aussi), et j’ai imprimé mes romans sur des rames entières. Que je ne garderai pas en souvenir, cette fois. Depuis quelques années, je procède à la correction sur une liseuse qui me permet de prendre des notes (la tablette reMarkable) (c’est magique), ce qui fait que je n’imprime plus autant qu’avant, et je n’ai pas besoin de garder les manuscrits puisque je ne fais plus de soumission aux maisons d’édition. Plus tard, je ferai la même chose avec des livres qui servaient d’exemplaire de contrôle, ou que j’ai reçu défectueux : une bonne vingtaine d’ouvrages à moi qui s’entassent dans une bibliothèque et dont je ne ferai rien (et que je ne peux pas vendre car soit abîmés soit plein de fautes). Autant que ça serve 🙂
À vous, maintenant !
Bien entendu, on est quand même un peu obligée d’acheter quelques petites choses pour sa boutique : de mon côté, j’ai fait imprimer des stickers et des cartes de visite (avec le logo que mon chéri a réalisé), ainsi que le papier bulle mentionné plus haut, de la ficelle, des rubans… et je vais sans doute devoir acheter des colis adaptés aux maisons-lanternes, car je n’aurai pas assez de ceux que je récupère.
C’est là que vous entrez en scène : recyclez, vous aussi ! Réutilisez les colis et enveloppes, le papier bulle… et les pages de manuscrit broyées. Prenez-les et utilisez-les quand vous enverrez des colis vous-mêmes, éparpillez mes morceaux d’histoire, faites-en autre chose. C’est totalement dans le ton de Rue de Minuit… car après tout, Midnight City a commencé sa carrière sous la forme d’un seul exemplaire qu’on se passait de main en main 🙂
J’espère que tout ceci vous plaira ! Dans un prochain billet, on parlera des maisons-lanternes… À bientôt !
Pour aller plus loin :
- Un billet sur mon blog personnel au sujet de ma démarche personnelle et artistique
- L’idée derrière Rue de Minuit
- Midnight City, livre vagabond
J aime toujours autant connaitre l’envers du décor ou la genèse des choses…super démarche écolo et on reste dans la logique de partage du livre vagabond qui m avait tant plu ,le partage et l’ouverture sur les rêves et l ‘aventure de l’inconnu ….
Ps les maisons lanterne sont des dingueries de petits bijoux !